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Jugé pour « trafic de stupéfiants » par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), Jawad Bendaoud a été condamné à huit mois de prison ferme après avoir été évacué du tribunal.
Hors de lui, le logeur présumé de deux terroristes du 13 novembre n’a fait qu’une brève apparition, mais mouvementée, ce jeudi à Bobigny à son procès pour trafic de stupéfiants. Il a accusé les policiers de l’avoir frappé et insulté.
Des cris ont éclaté, d’abord lointains, étouffés en partie par les murs du tribunal de Bobigny. Puis ils se sont faits plus forts, de plus en plus audibles. La porte s’ouvre, Jawad Bendaoud apparaît, dans le box mais hors de lui, au coeur de la salle d’audience. Le logeur présumé de deux terroristes du 13 novembre est encerclé de policiers; il les mitraille d’insultes. « Fils de pute, tu crois que je suis un terro moi? Attends que je sorte, je vais te niquer (…) Je suis Salah Abdeslam moi? J’ai tué qui? »
Moulé dans un polo noir, ses cheveux bruns relevés en arrière, sans ses grandes lunettes rectangulaires, le jeune homme de 30 ans ne parvient pas à se calmer. Il enchaîne, en hurlant, retenant difficilement larmes et colère. « Ils m’ont donné des coups de matraque, ils m’ont tapé, m’ont insulté de tous les noms », assure-t-il, se tournant vers les policiers.
« Il voulait être jugé »
Son avocat, Xavier Nogueras, l’attrape par la nuque, essaie d’ancrer son regard dans le sien, tente de faire redescendre la pression. Rien n’y fait. La présidente demande qu’on le renvoie au dépôt. Au bout de deux minutes à peine, il repart comme il est arrivé, en furie. Jawad est jugé en son absence.
En novembre, il avait refusé d’être extrait de sa cellule de Villepinte pour comparaître dans cette affaire de trafic de stupéfiants. Ce jeudi, il n’a fait qu’une très brève apparition, fracassante, à son procès. « On l’a vu il y a une heure, il était dans de bonnes dispositions, il voulait être jugé », assure maître Nogueras, visiblement dépité.
« Est-ce qu’on veut le faire taire? »
« Il attendait cette échéance car il a besoin de s’exprimer au regard de la solitude dans laquelle il vit, explique son conseil. Tout le monde aujourd’hui en France sait qui est Jawad Bendaoud. Tout le monde rit de lui. Evidemment qu’il vient dans le box en hurlant qu’il n’en peut plus. (…) Est-ce qu’on veut le faire taire et pour quelles raisons? »
En octobre dernier, dans une lettre au juge d’instruction, le logeur de Saint-Denis affirmait « péter un plomb » en détention, clamant son innocence. « Vous cherchez quoi au juste, qu’a force de craquer je commette l’irréparable je suis quelqu’un de violent depuis tout jeune (sic). » Il a mis le feu à sa cellule, aurait tenté de mettre fin à ses jours.
Placé en garde à vue
Jawad Bendoaud a été placé en garde à vue en début d’après-midi au commissariat de Bobigny, en Seine-Saint-Denis, après avoir été évacué de la salle d’audience du tribunal. Les policiers, chargés de sa surveillance, ont porté plainte contre lui pour « menaces de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique », « outrage » et « apologie du terrorisme ».